Notre musique

Tard le soir, avant de dormir, tu te blottis tout contre moi avec une question :
Est-ce que je peux te regarder ?
Puis ta lente observation à la recherche du détail : ma peau, mes cheveux, mes odeurs que tu savoures doucement, et tout ça devient magie

Quand c'est nuit blanche, je me retourne en quête d'un autre toit
Je plonge, je nage dessous le lit de soie et viens m'échouer sur ta côte, m'amarrer à ton sein
Ne plus bouger... Ne plus respirer, ..., pour un instant d'éternité et tout ça devient magie

Alarme brutale, Réveil de labeur dans un trop-plein d'hiver
J'accroche mes mains sur ton flanc, et là, les doigts bien au chaud, bien ancrés, je retiens mon rêve et son ultime ressac qui lâche quelques bouffées de sensations et tout ça devient magie

Grasse matinée. Oh week-end chéri rempli de chants, de poésies
Que je fouille, pince, mords et tape ton dos, ton cou, je gratte, ton ventre, tes fesses, je flatte 
Tu ris, Tu m'offres tout. Je ris et jouis de tout et tout ça devient magie.

Texte et musique de Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

C'est un trou de verdure
Où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes
Des haillons d'argent
Où le soleil de la montagne fière
Luit
C'est un petit val
Qui mousse de rayons

Un soldat jeune
Bouche ouverte ,…, tête nue
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu
Dort
Il est étendu dans l'herbe
Sous la nue
Pâle dans son lit vert
Où la lumière
Pleut

Les pieds dans les glaïeuls, il dort
Souriant comme sourirait un enfant malade
Il fait un somme : Nature
Berce-le chaudement. Il a froid

Les parfums ne font pas frissonner sa narine
Il dort dans le soleil la main sur sa poitrine
Tranquille
Il a deux trous rouges au côté droit
 

Poème d'Arthur Rimbaud

Mis en musique par Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

Interprété par Marin et Ivan Jelenkovic

Tout est affaire de décor

Changer de lit, changer de corps

A quoi bon puisque c'est encore

Moi qui moi-même me trahis

Moi qui me traîne et m'éparpille

Et mon ombre se déshabille

Dans les bras semblables des filles

Où j'ai cru trouver un pays.

Cœur léger cœur changeant cœur lourd

Le temps de rêver est bien court

Que faut-il faire de mes jours

Que faut-il faire de mes nuits

Je n'avais amour ni demeure

Nulle part où je vive ou meure

Je passais comme la rumeur

Je m'endormais comme le bruit.

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent.

C'était un temps déraisonnable

On avait mis les morts à table

On faisait des châteaux de sable

On prenait les loups pour des chiens

Tout changeait de pôle et d'épaule

La pièce était-elle ou non drôle

Moi si j'y tenais mal mon rôle

C'était de n'y comprendre rien

Dans le quartier Hohenzollern

Entre la Sarre et les casernes

Comme les fleurs de la luzerne

Fleurissaient les seins de Lola

Elle avait un cœur d'hirondelle

Sur le canapé du bordel

Je venais m'allonger près d'elle

Dans les hoquets du pianola.

R

Le ciel était gris de nuages

Il y volait des oies sauvages

Qui criaient la mort au passage

Au-dessus des maisons des quais

Je les voyais par la fenêtre

Leur chant triste entrait dans mon être

Et je croyais y reconnaître

Du Rainer Maria Rilke.

Elle était brune elle était blanche

Ses cheveux tombaient sur ses hanches

Et la semaine et le dimanche

Elle ouvrait à tous ses bras nus

Elle avait des yeux de faïence

Elle travaillait avec vaillance

Pour un artilleur de Mayence

Qui n'en est jamais revenu.

R

Il est d'autres soldats en ville

Et la nuit montent les civils

Remets du rimmel à tes cils

Lola qui t'en ira bientôt

Encore un verre de liqueur

Ce fut en avril à cinq heures

Au petit jour que dans ton cœur

Un dragon plongea son couteau

R

Comme des astres révolus…

Poème d'Arthur Rimbaud

Mis en musique par Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

Interprété par Marin et Ivan Jelenkovic

Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l'or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Ils vont haillonneux et hagards.

Le sage indigné, les harangue
Le sot plaint ces fous hasardeux
Les enfants leur tirent la langue
Et les filles se moquent d'eux.

C'est qu'odieux et ridicules,
Et maléfiques en effet,
Ils ont l'air, sur les crépuscules,
D'un mauvais rêve que l'on fait

C'est que, sur leurs aigres guitares
Crispant la main des libertés,
Ils nasillent des chants bizarres,
Nostalgiques et révoltés ;

C'est enfin que dans leurs prunelles
Rit et pleure - fastidieux -
L'amour des choses éternelles,
Des vieux morts et des anciens dieux !

Donc, allez, vagabonds sans trêves,
Errez, funestes et maudits,
Le long des gouffres et des grèves,
Sous l'œil fermé des paradis !

La nature à l'homme s'allie
Pour châtier comme il le faut
L'orgueilleuse mélancolie
Qui vous fait marcher le front haut,

Et, vengeant sur vous le blasphème
Des vastes espoirs véhéments,
Meurtrit votre front anathème
Au choc rude des éléments.

Les juins brûlent et les décembres
Gèlent votre chair jusqu'aux os,
Et la fièvre envahit vos membres,
Qui se déchirent aux roseaux.

Tout vous repousse et tout vous navre,
Et quand la mort viendra pour vous,
Maigre et froide, votre cadavre
Sera dédaigné par les loups !
 

Poème de Paul Verlaine

Mis en musique par Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

Interprété par Marin et Ivan Jelenkovic

 

 

Je voulais, Maria, te conter
Le démon qui m'oppresse à minuit,
Quand en quête du bonheur, je vis dans l'indéfini
En trinquant au rêve du flacon

Reine du ciel, tu descends dans ce bar
Des étoiles, du soleil plein les yeux
Un mirage qui pépie d'un bonheur merveilleux
Fasciné, je dérive à ton bord

Maria, Maria, Maria
Joue-moi ton air de piano que je chante ta chanson, puis dansons, jusqu'au bout de la nuit

Ebahi, je scrutais ton génie
Ton minois, tes pommettes angéliques
L'effigie d'une reine ancienne au regard mélancolique
Une Joconde qui a rompu son cadre
`
Indécis, j'effleurais ton poignet
Chuchotant à l'oreille quelques mots
J'avançais à pas feutrés, attiré par ton halo
Redoutant qu'il ne s'évanouisse

Un parfum de Lilas voletait
Un effluve qui coulait de ton cœur
Tu envahissais l’espace, ton corps, ta voix, ton odeur
Je vibrais de ton envoûtement

L'inflexion de ta voix calme et grave
Qui annonce le bonheur éternel
Le fameux jardin d'Eden, emplit de pommiers d'amour
Je promets, nous vivrons Carpe diem

Je voulais Maria te confier
Ma passion pour ton âme qui m'enflamme
Je veux conserver ton cœur et palpiter chaque instant
Cultiver tous deux l'éternité
 

Texte et musique de Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

En mer méditerranée,
Dans les bancs efféminés
Une p’tite sardine déchaînée
Rêvait de se révolter

Sans voix, sans mains et sans genoux
Sardines, priez pour nous

Mais un jour de grande adresse
Et d’un vin plein de promesse
Je l’appâte avec hardiesse
Stupéfait de ma prouesse

J’embobine ma rouquine
La câline et la taquine
Son arrête me perforant,
Eut un effet foudroyant

Bref, on lut mon testament
Brulez mon corps d’incroyant
Jetez mes cendres céans
Au milieu de l’océan

J’espérais la mettre en boîte
Et voilà que tout s’déboite
Je termine catapulté
Dans la gueule d’un cétacé !

Toi, bon pêcheur esseulé
Ne te jette pas benêt
Dans les bras d’une sirène
Comme un piètre oligophrène

Car mon histoire est bidon,
J’m’en suis plein à Cupidon
D’une arrête que l’on te cache
Tout s’arrête et ça, c’est vache

Texte et musique de Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

Interprété par Marin et Ivan Jelenkovic

Ma femme est morte, je suis libre !
Je puis donc boire tout mon soûl.
Lorsque je rentrais sans un sou,
Ses cris me déchiraient la fibre.


Autant qu’un roi je suis heureux ;
L’air est pur, le ciel admirable…
Nous avions un été semblable
Lorsque j’en devins amoureux !


L’horrible soif qui me déchire
Aurait besoin pour s’assouvir
D’autant de vin qu’en peut tenir
Son tombeau ; – ce n’est pas peu dire :


Je l’ai jetée au fond d’un puits,
Et j’ai même poussé sur elle
Tous les pavés de la margelle.
– Je l’oublierai si je le puis !


Au nom des serments de tendresse,
Dont rien ne peut nous délier,
Et pour nous réconcilier
Comme au beau temps de notre ivresse,


J’implorai d’elle un rendez-vous,
Le soir, sur une route obscure.
Elle y vint ! – folle créature !
Nous sommes tous plus ou moins fous !


Elle était encore jolie,
Quoique bien fatiguée ! et moi,
Je l’aimais trop ! voilà pourquoi
Je lui dis : Sors de cette vie !


Nul ne peut me comprendre. Un seul
Parmi ces ivrognes stupides
Songea-t-il dans ses nuits morbides
À faire du vin un linceul ?


Cette crapule invulnérable
Comme les machines de fer
Jamais, ni l’été ni l’hiver,
N’a connu l’amour véritable,


Avec ses noirs enchantements,
Son cortège infernal d’alarmes,
Ses fioles de poison, ses larmes,
Ses bruits de chaîne et d’ossements !


– Me voilà libre et solitaire !
Je serai ce soir ivre mort ;
Alors, sans peur et sans remord,
Je me coucherai sur la terre,


Et je dormirai comme un chien !
Le chariot aux lourdes roues
Chargé de pierres et de boues,
Le wagon enragé peut bien


Écraser ma tête coupable
Ou me couper par le milieu,
Je m’en moque comme de Dieu,
Du Diable ou de la Sainte Table !
 

Poème de Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857

Mis en musique par Marin

 

Interprété par Francesca Grisanti au piano et Marin au chant

 

Interprété par Marin et Ivan Jelenkovic